L’élan est un animal indépendant et solitaire en été. Il ne survit aujourd’hui que sous des climats nordiques, à la saisonnalité très marquée. Seuls les mâles possèdent des bois, qui peuvent dépasser 1,60 m de largeur et 20 kg ; ils sont larges et plats avec de petites pointes. (source wikipedia)
Mais malgré notre amitié naturelle pour ce grand cervidé, ce qui nous intéresse aujourd’hui n’en est qu’un homonyme. Nous quittons les vertes forêts boisées et humides pour les ors et les boiseries du Sénat où se débattent et se construisent les lois qui régissent notre pays.
La loi ÉLAN, promulguée le 23 novembre 2018, portait sur l’Évolution du Logement, de l’Aménagement et du Numérique (d’où l’acronyme ÉLAN).
Cette introduction faite, j’emprunte des mots – que je ne pourrais écrire mieux – au rapport du Sénat, pour replacer cette loi dans son contexte.
La dévitalisation des centres villes et des centres-bourgs a longtemps été un phénomène sous-estimé, voire nié par les pouvoirs publics. C’est pourquoi, dès 2016, le Sénat s’était inquiété de ce sujet qui touche non seulement à l’économie, à l’emploi, au logementmais aussi à l’équilibre des territoires, au lien social et à l’identité de notre pays.
Le travail du Sénat a trouvé place dans la loi ELAN du 23 novembre 2018, ainsi que dans les programmes gouvernementaux de revitalisation dénommés « Action coeur de ville » (ACV) et « Petites villes de demain » (PVD). Pilotés par l’Agence nationale pour la cohésion des territoires (ANCT), ces programmes ont été lancés respectivement en décembre 2017 et octobre 2020.
Quel a été l’impact concret de la loi ELAN sur la revitalisation des centres-villes et centres-bourgs en France ? Permet-elle désormais d’analyser les effets des projets commerciaux sur la préservation ou la revitalisation du tissu commercial du centre-ville ? L’essor considérable du e-commerce et des dark stores doit-il conduire à des adaptations ou les documents d’urbanisme suffisent-ils, à droit constant, pour assurer la régulation des nouveaux entrepôts ? Peut-on tirer un premier bilan des opérations de revitalisation des territoires (ORT) et du programme ACV ? Quelles sont les attentes des élus concernant le récent programme PVD ? Ces outils permettent-ils de développer une approche transversale des sujets liés à la centralité (logement, commerces, qualité de vie, services publics, espaces publics, développement durable…) ?
http://www.senat.fr/rap/r21-910/r21-9101.html
Car, et j’en viens à notre sujet de ce jour, et vous le savez déjà si vous suivez notre actualité : en tant qu’experts « terrain » nous avons été auditionnés par la commission chargée de contrôler l’application de cette loi.
Mais je ne vous cache pas ma déception : si vous lisez le rapport complet vous n’y trouverez quasiment aucune analyse et référence sérieuse au Numérique. D’ailleurs sur les 206 pages du rapport, le mot « Numérique » y est présent que 11 fois, dont 9 dans la description de la loi !!! Pourtant, cette quatrième lettre de l’acronyme de la loi éponyme est bien celle qui vous aura permis de lire ce rapport, celle qui infuse toutes nos vies et notre rapport au monde, et qui va continuer à influencer le monde de demain. Alors ?
Merci mesdames les Sénatrices, messieurs les Sénateurs pour ce rapport. Mais un ÉLAN à qui il manque une patte à peu de chance de rester debout…
Et pourtant, nous étions confiants…
En tant qu’experts en Numérique, en septembre, la commission à souhaité nous entendre pour mieux comprendre comment se sont passées les quelques années mouvementées que nous laissons tout juste derrière nous, car cette petite lettre N pour numérique est loin d’être anodyne. Le Numérique touche tout, influe tout… il est partout ! Lors de l’échange avec trois sénateurs nous avons pu aborder le sujet de l’impact du numérique, des solutions déployées pour les territoires, et des retours de l’expérience d’HEXA Solutions en la matière. Nous avons pu partager notre vision, notre analyse et nos recommandations pour l’avenir. Je les remercie pour leur curiosité, leur intérêt et leurs questions très précises et pertinentes.
Aujourd’hui est enfin paru le rapport complet de cette commission (206 pages) ! Certes, vous n’allez probablement pas le lire en entier. Car si l’image d’un élan dans son habitat naturel vous a rendu curieux et vous m’avez suivi jusqu’à ce paragraphe, ce rapport n’est pas vraiment illustré, à part quelques schémas et tableaux à la fin. Ne vous inquiétez pas, je l’ai fais pour vous, et dans son immense sagesse, le Sénat a prévu cette situation et diffuse un résumé du rapport.
Vous pourrez satisfaire votre curiosité, en fonction du temps que vous aurez à y accorder, en vous rendant sur cette page : http://www.senat.fr/rap/r21-910/r21-910.html (oui, le site internet du Sénat n’est pas en HTTPS. Pas un très bon signe de maturité numérique si vous voulez mon avis…)
5ème roue du carrosse ou 4ème patte de l’élan ?
Pour finir, je voudrais insister sur le fait que le Numérique devrait être la cerise sur le gateau des politiques de redynamisation, d’attractivité. Où sont les armées d’experts qui réfléchissent à l’enjeu de communication et de relation au territoire qui se cache derrière nos smartphones ? Nous devrions analyser, réfléchir, ne pas hésiter à regarder en arrière et à reconnaître quand nous nous sommes trompés (aucune allusion aux marketplaces territoriales ici. non non).
Nous devons travailler ensemble, public, privé, pour construire le numérique éthique et responsable de demain, pour l’intérêt général, pour engager une véritable transformation des usages au bénéfice de nos territoires. Non, le numérique ce n’est pas que le e-commerce, pas que les réseaux sociaux, pas que les dark stores et l’uberisation aberrante et abusive des centres-villes. Il représente un progrès pour notre société, il oriente et influence toutes nos vies : regardons la réalité en face, les échecs comme les réussites. Ce n’est que de cette manière que nous avancerons.
