La période est propice aux décisions portées par l’émotion. Nous voyons tous que nos commerçants vivent une année très compliquée avec des pertes de chiffre d’affaire vertigineuses, l’impossibilité de pouvoir accueillir les clients, les fermetures administratives. Fermetures, faillites… l’approche des fêtes de fin d’année habituellement synonymes d’une grande partie du chiffre d’affaire de l’année ne nous aide pas à prendre le temps de la réflexion stratégique raisonnée.
Il est absolument nécessaire, vital, fondamental, de prendre de la hauteur, et de penser à long terme la transition de nos modes de consommation qui avait déjà commencé avant la crise, et ne fait que s’accélérer. La question de l’aujourd’hui, avec son urgence, ne doit pas prendre le pas sur celle de l’avenir.
Collectivité, vie digitale, commerces de proximité… quel avenir ?
Que faisons-nous de nos commerces ? Quel vie locale, quel monde construisons-nous pour demain ? Consommateurs, quels sont les choix que nous avons ? Comment proposons-nous d’accompagner notre écosystème économique local dans ses évolutions pour qu’il trouve sa place ?
Dans une situation économique plus que tendue, la collectivité (à entendre de manière très large) propose des réponses variées, dont le financement de la mise en place de solutions numériques de vente à distance. Jusqu’ici, la réalité du terrain, les témoignages et retours des commerçants et des professionnels de l’animation et de la gestion des villes le montrent :
- Certains commerçants sont déjà engagés depuis de nombreuses années dans une stratégie multicanale pour permettre la vente en ligne, qui a demandé un investissement énorme sur le long terme (gestion du stock en temps réel, commandes / collecte / retours…) mais peut représenter une part non négligeable du CA.
- La marketplace locale comme unique moyen de redynamisation locale n’a pas prouvé sa valeur. Beaucoup de projets soutenus par les collectivités n’ont pas convaincus les usagers, et in fine ne bénéficient pas réellement au commerce de proximité. Vouloir plaquer les méthodes et outils des géants du e-commerce sur nos centre-villes n’est pas si simple. C’est un sujet fondamental que nous analyserons plus longuement dans un prochain article.
- Ce qui fonctionne pour certains (Vente à distance, en ligne, Click&Collect, Drive), et permet de maintenir une activité partielle minime en ce moment, n’est pas possible pour tous. Eh oui, il ne faut pas oublier que nos centres-villes sont habités par des commerces, artisans et services dont l’activité n’est pas facilement « numérisable » !
Les grands oubliés
La plupart des commerces et artisans qui contribuent à la richesse de l’offre locale ne pourront pas rentrer dans une démarche de vente à distance, pour des raisons de moyens, de temps, de pertinence, d’investissement, de taille de structure.
Ceux-ci, la grande majorité des commerces, ont plus que jamais besoin du soutien de la collectivité. Le e-commerce, à lui seul, ne sauvera pas le commerce de proximité.
La question qui se pose à la collectivité est la suivante : comment aider TOUS les commerces, artisans et prestataires de service ?

La digitalisation, ce n’est pas seulement la vente à distance.
La première étape d’une transition numérique territoriale réussie est de révéler (rendre visibles, accessibles) les richesses du terrain. Toutes. Pour donner le choix aux usagers de consommer local et les faire re-venir dans les commerces de proximité.
Comment faire ? Voici quelques points concrets et essentiels (mais non exhaustifs) pour nous accompagner dans la réflexion. La mise en place d’une stratégie inclusive, complète et efficace permet de :
- Placer la ville dans une posture de franchiseur envers tous ses commerces et artisans locaux (stratégie d’image-ville et communication)
- Fédérer autour d’un outil centralisateur qui intègre toutes les initiatives locales et n’impose pas de prestataire de mode de vente
- Mettre en commun les moyens de soutien par les partenaires historiques du développement économique (CCI, CMA, Agglomération, Associations de commerçants) pour l’organisation de formations et des actions de terrain.
Ces quelques éléments de réflexion, fruits de notre expérience de terrain, de partenariats et d’accompagnement de villes de toutes tailles nous invitent à prendre le temps de la réflexion, pour prendre de la hauteur afin que nos actions soient constructives et efficaces pour le bien de tous.
Si vous êtes intéressés par un échange sur ces thématiques essentielles d’aujourd’hui et de demain, nous sommes disponibles et à l’écoute.